Bruxelles, 10-16 février 2025 / 397
# 14 février, la Saint-Valentin, fête des amoureux. Place au “Dictionnaire de la passion amoureuse” (Plon, 2006) de l’écrivaine et scénariste Nicole Avril. L’un de ses premiers romans s’intitulait “L’Eté de la Saint-Valentin” (Pauvert, 1972), “qui marquait son entrée dans la littérature”. (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine -Paris+Closer )
# “La passion serait à l’amour ce que le cannibalisme est à la gourmandise.” A la fin de ses… Préliminaires, elle signale : « (…) Il y a passion, semble-t-il, quand l’agressivité l’emporte sur le partage, la haine sur l’amour, la volonté de dominer sur le désir, la gloutonnerie sur la délectation, la guerre sur la paix, la griffe sur la caresse, l’obsession sur la mélodie, le cri sur le chant, le meurtre sur la volupté. (…) »
# “Si Denis de Rougemont [1906-1985] place la passion au centre de son œuvre, c’est pour mieux tenter de s’en débarrasser.” Article sur “L’Amour et l’Occident” : « Publié en 1938 et modifié par son auteur pour sa réédition en 1956, le livre de Denis de Rougemont est important. (…) Démocratisée et vulgarisée par le roman et par le cinéma, cette folie furieuse s’apprêterait à envahir nos contrées. Dans sa préface qu’il nomme au reste avertissement, il semble se prémunir contre un échec : “(…) Les amoureux me tiendront pour cynique, et ceux qui n’ont jamais connu la vraie passion s’étonneront de m’y voir consacrer tout un livre. Les uns diront qu’à définir l’amour, on le perd ; les autres, qu’on y perd son temps. (…)” Son livre a plu, son livre a passionné, même s’il n’a pas guéri ceux qui sont atteints et rongés par le virus de la passion. (…) Il rattache tout ce qui concerne la passion amoureuse et ses dérivés à la tradition hérétique, lavant ainsi l’Occident chrétien de ses péchés afin de mieux glorifier le mariage. Sans doute prête-t-il à l’influence cathare [sud de la France, au 12ème siècle] une importance exagérée. (…) » (Fondation de Rougemont – Genève)
# Nicole Avril cite aussi l’historien Georges Duby (1919-1996), grand spécialiste du Moyen Âge et codirecteur d’une volumineuse “Histoire des femmes en Occident” (Plon, 1990-1992) : « (…) les rapports entre le masculin et le féminin prirent dans la société d’Occident une tournure singulière. Aujourd’hui encore, en dépit du bouleversement des relations entre les sexes, les traits qui dérivent des pratiques de l’amour courtois [expression médiévale] sont de ceux par quoi notre civilisation se distingue le plus abruptement des autres. » (Le Monde +CNRTL)
# A la lettre D, cinq entrées, dont, sans surprise, Don Juan. Avec un extrait de l’essai “De l’amour” signé par Stendhal (1783-1842), publié en 1822 : « (…) Dans le grand marché de la vie, c’est un marchand de mauvaise foi qui prend toujours et ne paye jamais ;… c’est pour cela que l’orgueil de la naissance va si bien au caractère de don Juan… Je croirais assez qu’un homme qui porte un nom historique est plus disposé qu’un autre à mettre le feu à une ville pour se faire cuire un œuf. » (Gallimard )
# « Le coup de foudre produit l’étincelle mais ne répond pas des suites. (…) On peut s’aimer follement sans avoir connu le coup de foudre. (…). A un intense coup de foudre peut succéder un dégrisant retour à la réalité. Dans ce cas-là, il vaut mieux pour tous les deux que la désillusion soit partagée comme l’illusion le fut. (…) »
# A l’article “Haine”, l’auteure du roman “Jeanne” (« don Juan aujourd’hui qui serait-il ? »), paru chez Flammarion en 1984, a écrit : « (…) La passion n’a jamais été honorable et c’est parce qu’elle ne l’est pas qu’elle est capable de tout. On a toujours su en Occident qu’elle était ce mélange inextricable d’amour et de haine, de vanité et d’humiliation, de désir et de dépit. (…) » (Babelio +So Soir ) ***