Bruxelles, 01-07 décembre 2025 / 428
# Il y a deux siècles… 1er décembre 1825 : succédant à son frère Alexandre Ier, Nicolas Ier devient empereur de Russie, roi de Pologne et grand-duc de Finlande. Son règne de presque 30 ans (il meurt le 2 mars 1855) est marqué par un conservatisme extrême et des guerres, en particulier celle Crimée (1853-1856). Trois historiennes françaises pour en parler… (L’Histoire +Historia +Encyclopaedia Universalis)
# “Nicolas Ier : un tsar de fer dans l’Empire russe du 19ème siècle.” Directrice du Centre de recherches en histoire des Slaves, Marie-Pierre Rey est professeure d’histoire russe et soviétique à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. Co-auteure d’un “Atlas historique de la Russie : D’Ivan III à Vladimir Poutine” (éditions Autrement, Paris, 2019), elle a écrit dans le bimestriel Le Figaro Histoire hors-série n°62 (juin-juillet 2022), intitulé “Russie, la malédiction de l’Empire” : « (…) trente années tout entières placées sous le sceau d’un régime hostile à la moindre concession politique, brutal et policier, qui valut au souverain le surnom de “Nicolas la Trique”. Fervent défenseur d’une idéologie nationale fermée aux influences étrangères, Nicolas Ier n’en fut pas moins extrêmement actif sur la scène extérieure ; luttant contre le ferment libéral en terre européenne, expansionniste aux dépens de l’Empire ottoman et de la Perse (…) » (à lire : son passionnant “La Russie face à l’Europe, d’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine”, Flammarion-Champs, 2016)
# “Le solide bâillon qui avait été imposé sous Nicolas Ier.” Passionnée de littérature russe, l’enseignante Jocelyne Fenner a mené des recherches sur le règne de Nicolas Ier. En 1986, chez Tallandier, elle signait “Le Goulag des tsars” : « (…) Le régime de l’arbitraire absolu pouvait engendrer la politique d’un Nicolas Ier, fermement résolu à maintenir la Russie dans un état archaïque pour ne pas déboucher sur de plus grands malheurs. Décidé à protéger son Empire d’une Europe révolutionnaire et satanique, il fit vivre son pays sous la lourde férule paternelle ; “gendarme de l’Europe”, il fut aussi le gendarme de la Russie. (…) A partir du règne de Nicolas Ier, des révolutionnaires, au sens contemporain du terme, prirent place dans la vie russe [“encore peu nombreux”], et la police dut leur faire face. (…) » (BnF +Babelio)
# “La révolution décembriste.” Grande historienne de la Russie, la regrettée Hélène Carrère d’Encausse (1929-2023), secrétaire perpétuelle de l’Académie française de 1999 à son décès, nous offrait, en 2014, à la Librairie Arthème Fayard/Pluriel, “Les Romanov. Une dynastie sous le règne du sang.” Au chapitre 11, intitulé “Nicolas Ier. L’apogée de l’autocratie ?”, elle analysait l’insurrection militaire du 14 décembre 1825, à Saint-Pétersbourg, qui ébranla le nouveau pouvoir : « (…) Les émeutiers – car c’est bien une émeute qui est fomentée – ne savent trop comment agir. Ils n’ont pas de plan concerté et, surtout, pas de chefs pour guider leur action. (…) l’échec du complot et les châtiments subis par les décembristes bouleversèrent l’opinion russe, surtout celle des élites. Les meneurs du mouvement étaient de jeunes nobles représentant la fraction la plus éduquée du pays. Leurs pères avaient vaincu Napoléon sur les champs de bataille ; dix ans plus tard, les fils étaient traînés devant les tribunaux pour avoir voulu défendre les idées que ces pères avaient découvertes en France à l’issue de la victoire. (…) La noblesse russe (…) a été imprégnée des idées des Lumières, elle s’en est nourrie durant sa chevauchée triomphale en France en 1815. (…) » (Michel Mourre, “Dictionnaire encyclopédique de l’Histoire du monde”+Marie-Pierre Rey, “Un tsar à Paris. 1814. Alexandre Ier et la chute de Napoléon”, Flammarion-Champs, 2015+Ian Buruma et Avishai Margalit, “L’Occidentalisme. Une brève histoire contre l’Occident”, Climats, Paris, 2006) ***


