# Yalta, 4-11 février 1945. Il y a 80 ans, “la décision de partage du monde.”
# “L’histoire de la conférence a été racontée souvent.” Figure de la Résistance, l’historien Jacques de Launay a beaucoup écrit sur la période contemporaine. En 1975, il a publié aux éditions Edito-Service, à Genève, “Les Grandes décisions de la Deuxième Guerre mondiale”. Le volume III contient les passages suivants : « (…) On sait qu’elle se déroula à Yalta, en Crimée, au palais de Livadia, ancienne résidence d’été du tsar Nicolas II [1868-1918]. Le rééquipement du palais et des villas, dévastés par l’armée allemande, où logèrent les délégations, fut un tour de force réalisé par la marine soviétique. Churchill et Roosevelt sont accompagnés de près de 700 experts et collaborateurs ; mais les conférences plénières, qui se tiennent chaque après-midi de 16 heures à 22 heures, ne groupent cependant que 15 personnes (…). La conférence se déroule dans des conditions assez exceptionnelles : pas d’ordre du jour, pas d’interprète officiel, (…) pas de sténographie officielle, pas de procès-verbal. (…) Il est donc extrêmement difficile de suivre le cheminement des travaux (…), où tous les sujets sont abordés en vrac, sans préparation suffisante, et traités superficiellement sans même aboutir à une conclusion formelle. (…) En fait, la Conférence de Yalta a été menée par Roosevelt et Staline, le second dominant le premier parce qu’il s’attache aux réalités immédiates. Churchill et, avec lui, l’Europe et ses empires coloniaux, sont relégués au second rang : Moscou et Washington se sont partagés le monde. (…) » (Babelio + Érudit +Le Monde diplomatique)
# “La Conférence de Yalta a-t-elle vraiment correspondu à un moment d’accord Est-Ouest ?” Professeur d’histoire à l’université de Gainesville, en Floride, Arthur Funk (1914-2007) fut président du Comité américain d’Histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Il livra une « étude concise et dense » intitulée “De Yalta à Potsdam. Des illusions à la guerre froide.” (éditions Complexe, Bruxelles, 1982) : « (…) comme l’écrit Alfred Grosser “(“les Occidentaux”, 1978), “en France, Yalta demeure le symbole d’un système mondial régi par deux super-puissances“. (…) à la publication du communiqué de Yalta, les Français, à sa lecture, sont bien obligés de reconnaître que certaines miettes de la table des Grands ont été rabattues vers eux. [notamment l’administration d’une zone militaire en Allemagne] (…) » (Politique étrangère, 47-3, 1982 +UFDC -University of Florida Digital Collections)
# “Une Europe communiste dominée par les Russes si États-Unis et Grande-Bretagne n’arrêtaient pas l’ « épanchement de l’amibe rouge en Europe ».” En 1990, toujours aux éditions Complexe, était publié un essai de Daniel Yergin, “La paix saccagée. Les origines de la guerre froide et la division de l’Europe.” Professeur à la Harvard Business School, il écrivait : « (…) Sommet de l’unité alliée, la Conférence de Yalta marqua un clivage entre des aboutissements et des recommencements. Enfin, l’issue de la guerre était proche. Les jours du Troisième Reich étaient comptés. (…) ce qui était en jeu à Yalta c’était la politique du monde d’après-guerre. Les décisions reposaient sur les épaules de trois hommes fatigués. (…) Dans l’ensemble, les Russes firent plus de concessions que les Occidentaux, et leurs propres propositions furent souvent celles que ces mêmes Occidentaux leur avaient présentées auparavant. (…) La question polonaise, préfiguration de la guerre froide, prit à elle seule plus de temps que n’importe quelle autre. (…) L’Angleterre se bagarra pour que “la Pologne soit libre et souveraine”, selon l’expression de Churchill. “La Grande-Bretagne en fait une question d’honneur, dit-il aux autres, car c’est pour la Pologne brutalement agressée par Hitler que nous avons tiré l’épée.” (…) » (danielyergin.com) ***