Occident – 05-11/02/2024

# Le 3 février 1924, décéda à Washington Thomas Woodrow Wilson, qui fut le 28ème président des Etats-Unis, de mars 1913 à mars 1921. Début 1918, il prononça un discours au Congrès proposant la création d’une Société des Nations (“League of Nations”), ancêtre de l’ONU. Prix Nobel de la Paix en 1919, il faut toutefois signaler une page noire de son double mandat… Sudiste, né en Virginie, il soutint la ségrégation raciale (“l’état enfantin du nègre” !) et formula des critiques sur le droit de vote des Afro-Américains. (Le Figaro +Sigmund Freud et William C. Bullitt, ambassadeur des Etats-Unis, “Le président Wilson”, Albin Michel 10/18, 1967)

# “Woodrow Wilson, un politiste à la Maison Blanche.” Professeur émérite d’histoire nord-américaine à la Sorbonne, André Kaspi, et Hélène Harter, professeur d’histoire contemporaine, qui a notamment écrit “Pearl Harbour” (Tallandier, 2011), ont signé “Les Présidents américains. De Washington à Obama” : « (…) En 1909, il est élu gouverneur du New Jersey, un poste où il se distingue par son soutien aux législations progressistes. (…) Les primaires du Parti démocrate lui donnent une exposition nationale. (…) Son discours d’acceptation est le premier à être diffusé lors des actualités cinématographiques. C’est une formidable publicité pour son programme réformateur qu’il a baptisé “la Nouvelle Liberté”. (…) La division des républicains permet le retour des démocrates à la Maison Blanche après 16 ans passés dans l’opposition. (…) Durant les deux premières années de son mandat, Wilson mène une politique réformatrice sans précédent. Il vient défendre ses projets en personne au Congrès (…). Grâce à lui, l’État fédéral s’impose comme un acteur économique afin de réguler les excès du capitalisme. (…) Vis-à-vis des pays européens, il s’inscrit dans l’esprit de la doctrine Monroe : il opte pour la neutralité alors que l’Europe est ravagée par la guerre depuis 1914. L’opinion est contre une participation américaine. Le président en est réduit à jouer les médiateurs entre les belligérants (…). Wilson invente par ailleurs un nouvel outil de communication : la conférence de presse. Le 15 mars 1913, onze jours après son entrée en fonction, il réunit 125 journalistes dans l’East Room de la Maison Blanche. Les rencontres prennent ensuite un rythme bihebdomadaire qui rend les journalistes [“qui le jugent froid et professoral”] dépendants des informations provenant de l’exécutif. (…) Sa réélection en 1916 tient en fait beaucoup à sa défense de la neutralité et à son slogan “Il nous a maintenus en dehors de la guerre“. (…) »

# “La première femme à avoir dirigé les Etats-Unis.” Fin septembre 1919, il est victime d’une attaque cérébrale : sa seconde épouse, Edith Bolling Galt [1872-1961] devient “le président secret”. Dans “First Ladies. À la conquête de la Maison Blanche”  (Perrin, 2016), l’historienne et politologue franco-américaine Nicole Bacharan, et le journaliste Dominique Simonnet, tous deux spécialistes de la politique et de la société des Etats-Unis : « (…) Elle a connu ce qui fut sans doute la plus grande histoire d’amour de la Maison Blanche, en osmose totale avec son mari président, au point qu’elle a fini par se substituer à lui et exercer une présidence occulte. (…) il a le corps à moitié paralysé, il est intellectuellement diminué, incapable d’exercer sa fonction. La First Lady, la première conseillère, la partenaire, la confidente, prend alors une décision insensée : on ne dit rien ! Silence absolu sur ce qui vient d’arriver ! (…) selon la Constitution, c’est le vice-président Thomas Marshall qui devrait assurer la fonction. Événement inédit dans toute l’histoire américaine : c’est Edith qui s’empare en secret des commandes. (…) Même les porteurs de messages top secret doivent passer par elle. La Maison Blanche devient une forteresse. Interdite aux visiteurs et surtout aux journalistes. Et la chambre du président est mise à l’écart du monde. (…) Wilson dispose de quelques heures de lucidité par jour, et elle en profite pour lui faire signer les documents les plus urgents. (…) » (First Families -The White House) ***

Bruxelles, 05-11 février 2024 / 361

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