Bruxelles, 08-14 décembre 2025 / 429
Paris, 14 décembre 1995 : signature des accords de Dayton. Négociés du 1er au 21 novembre précédent, sur une base aérienne américaine de l’Ohio, ils mettaient fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine, reconnu comme un État souverain, Sarajevo étant sa capitale. (The General Framework Agreement for Peace in Bosnia and Herzegovina-OHR+Society+Oxford Analytica Brief +Jane’s Intelligence Review +Le Maintien de la paix -Institut Québécois des Hautes Études Internationales/Université Laval)
# “L’Europe joue son avenir en Bosnie.” Plus de deux ans après les accords, le diplomate Georges-Marie Chenu (1929-2023) premier ambassadeur de France en Croatie entre 1992 et 1995, écrivait dans le quotidien La Croix du 16 avril 1998 : « (…) Depuis Dayton, les combats ont cessé et cette paix est un acquis capital. Mais n’ont pas cessé l’arbitraire et la peur. La pax americana est surtout militaire. Les clauses civiles des accords sont imparfaitement appliquées ; notamment l’égalité de traitement, le droit au retour, la remise au Tribunal pénal international des criminels contre l’humanité. Sans armes, des radicaux nationalistes poursuivent toujours leurs objectifs de guerre. (…) » (Ambassade de France/Zagreb -Croatie+Diploweb +BnF )
# “En Bosnie, l’Amérique n’a aucun intérêt majeur à défendre. Sauf que la Bosnie est en Europe. Et l’Europe, elle, présente un intérêt majeur pour les Américains.” Auteur de “L’Amérique mercenaire” (Stock, 1992), chercheur en géopolitique, le sociologue Alain Joxe fut directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris. Il était interrogé par l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur daté du 7-13 janvier 1993 : « (…) les Américains l’ont dit très clairement : depuis la disparition de l’empire soviétique, ils n’ont plus de raisons d’intervenir partout pour contrer les Russes. (…) Selon leur nouvelle perception du monde, tout ce qui est à l’Est de l’Europe est en principe “délégué” à l’Ouest. C’est-à-dire à nous. (…) » (Cahiers d’Études Stratégiques +Cairn.info – Sciences humaines et sociales +Le Monde diplomatique)
# Un an plus tard : “Je crois sincèrement que l’Europe a fait une bêtise en acceptant l’éclatement de la Yougoslavie, et qu’elle paie maintenant cette erreur.” Autre grand spécialiste de géopolitique, Thierry de Montbrial, président de l’Institut français de Relations internationales (IFRI), s’exprimait également dans Le Nouvel Observateur (27 janvier-2 février 1994) : « (…) S’il s’agit de mettre un terme à la guerre, de séparer les combattants et cela par la force, je crois qu’il faudrait raisonner en centaines de milliers d’hommes. Personne n’est prêt à les fournir ! N’oublions tout de même pas que dans une situation stratégique infiniment plus simple, ce sont environ 500.000 hommes qui avaient été déployés, au moment de la guerre du Golfe. Et cela n’a pu se faire que parce qu’il y avait un leader déterminé, les Etats-Unis. Sans eux, il est impossible à l’heure actuelle de mettre sur pied une telle coalition. (…) » (thierrydemontbrial.com +La Croix +Académie des sciences morales et politiques-Paris)# “Bosnie : l’Occident face aux Serbes.” Dans sa chronique “Ma planète”, parue dans le n°2604 (27/07/1995) de l’hebdomadaire français La Vie, le journaliste Jean-Philippe Caudron, qui devint rédacteur en chef l’année suivante, écrivait : « (…) les démocraties occidentales ne veulent pas trop exposer la vie de leurs soldats pour défendre la Bosnie. (…) Sous le prétexte que leurs intérêts vitaux ne sont pas en jeu, les dirigeants des démocraties occidentales ignorent l’immense frustration ressentie par le milliard de musulmans vivant dans le monde. Des calculs qui, à coup sûr, font le lit des extrémistes de l’islam à la pointe du combat contre l’Occident. » (Les Biographies.com) ***


