Bruxelles, 10-16 novembre 2025 / 426
# Il y a 50 ans, à cette heure… Le dictateur espagnol Francisco Franco agonisait dans un hôpital de Madrid, à l’approche de ses 83 ans. Il mourut le 20 novembre 1975. (à lire : de l’historien américain Stanley Payne, spécialiste de l’Espagne franquiste, “The Franco Regime, 1936-1975”, University of Wisconsin Press, 1987+El Mundo)
# “Mais comment a-t-il pu régner 36 ans au terme de 3 ans de guerre civile, qu’il a peut-être fait durer, d’ailleurs, pour asseoir son pouvoir ?” Réponse de l’écrivain et historien français Bartolomé Bennassar (1929-2018), dans sa biographie “Franco”, publiée en 1995 chez Perrin : « (…) On ne voit pas comment il serait possible de comprendre la vie de Francisco Franco sans faire référence à la chance. Dès les premières années de sa carrière d’officier, (…) les soldats algériens et marocains qui combattaient sous ses ordres, stupéfaits de le voir demeurer indemne malgré les balles et la mitraille, apparemment étranger à la peur, avaient compris que leur chef avait “la baraka”. Aux yeux de ses hommes, devant qui il marche toujours, avec comme seul objectif la victoire, le lieutenant Franco acquiert une réputation d’invulnérabilité et finit par se convaincre lui-même que la camarde [la mort] ne s’intéresse pas à lui. (…) La guerre froide assure définitivement la survie politique de Franco. Certes, on peut prétendre qu’il ne s’agit plus de chance, que Franco avait prévu les désunions des vainqueurs, ce qui lui permettait de faire valoir sa clairvoyance, sa vision de l’avenir, et de se faire proclamer par ses thuriféraires “sentinelle de l’Occident”. (…) » (à lire, du même auteur: “La guerre d’Espagne et ses lendemains”, Perrin, 2004)
# “Itinéraire d’un dictateur.” Encore Bennassar dans le n°200 (juin 1996) du mensuel L’Histoire, dont la photo en couverture annonçait un dossier intitulé “1936 La guerre d’Espagne” : « (…) Franco était réticent à l’idée de participer à un coup d’État contre le gouvernement légal. De fait, il n’est pour rien dans la préparation du soulèvement militaire du 18 juillet 1936. Le 12 juillet, alors qu’il a déjà assisté à quelques réunions des conspirateurs, il refuse de s’engager à leurs côtés. Et puis, le lendemain, c’est l’assassinat du monarchiste d’extrême droite Calvo Sotelo, qui le fait basculer. Il n’est donc ni l’instigateur ni le chef du soulèvement militaire. (…) Sur le plan politique, Franco était avant tout “franquiste”, un ambitieux sans convictions bien définies, avec toutefois une obsession qui se cristallise pendant la guerre civile : l’anticommunisme. (…) le régime qu’il instaure (…) est une dictature personnelle, et non un régime de type fasciste. D’abord parce qu’il ne s’est jamais appuyé sur un parti unique (…), mais aussi parce qu’il a recherché, et reçu, le soutien de l’Église, d’où l’appellation de national-catholicisme qu’on lui donne parfois. (…) »
# Franco philosémite ? Après le décès du “Caudillo” (guide), la rumeur courut qu’il avait des origines juives… “Franco y Sefarad. ¿ Un amor secreto ?” (editorial Manuscritos, Espagne, 2010). Nul besoin de traduire le titre de l’ouvrage de l’écrivain et journaliste Antonio Parra Galindo, qui fut notamment correspondant à Londres et New-York de l’agence de presse espagnole EFE. Au chapitre 8, il raconte l’entrevue, en avril 1945, de Franco avec le journaliste américain David Lawrence du US & World Report. Déclaration du Généralissime Franco : « (…) Je nie absolument que nous soyons antisémites. Durant la guerre européenne, nous avons vécu des moments difficiles dans nos relations avec l’Allemagne (…). Nous avons protesté contre le mauvais traitement infligé aux Juifs, jusqu’au point de scandaliser nos amis (…). » Il se référa aussi au fait qu’il n’y eut pas de lois antisémites en Espagne, contrairement à celles en France et en Allemagne, et, partiellement, en Italie. (La Nueva España -Asturies+Bibliotheca Sefarad +50 años del gran cambio -RTVE+El Confidencial ) ***


