Bruxelles, 13-19 janvier 2025 / 393
# Né à Tokyo le 14 janvier 1925, Yukio Mishima, pseudonyme de Kimitake Hiraoka, “a figé dans la stupeur et l’effroi l’image d’écrivain sulfureux qu’il s’était construite, contribuant à sa renommée mais éclipsant quelque peu son œuvre.” (Le Monde + Maurice Pinguet, “La mort volontaire au Japon”, Gallimard, 1984)
# “Yukio Mishima : portrait perplexe.” Membre de l’Académie française depuis 2001, l’écrivain et journaliste Angelo Rinaldi a écrit dans l’hebdomadaire L’Express daté du 1er mars 1980 : « le 25 novembre 1970, dans une caserne de Tokyo, [il] s’est châtié de son échec en un superbe “sepukku” – autrement dit hara-kiri – après avoir vainement tenté de soulever la garnison au cri de “Vive l’Empereur”. (…) il venait de décrire son pays en train de s’occidentaliser au 20ème siècle. (…) » (Humanisme -Paris)
# “Mishima ou la vision du vide” (Gallimard, 1980) Dans la même livraison de L’Express, la romancière Marguerite Yourcenar (1903-1987), la première femme élue à l’Académie française, critiquait l’ouvrage du grand japonologue britannique Ivan Morris (1925-1976), “La Noblesse de l’échec, héros tragiques dans l’Histoire du Japon”, également disponible chez Gallimard. Sous le titre “Le Japon de la mort choisie”, elle soulignait que « sa thèse favorite est que l’amour des vaincus périssant pour une cause sans espoir est éminemment japonais et que notre Occident n’en offre pas d’exemple, les seuls vaincus que nous honorions étant, selon lui, ceux dont la cause a finalement triomphé. (…) » (CIDMY -Bruxelles +The New York Times)
# “Sa renommée internationale est consacrée par « Le Pavillon d’Or »” Dans le monumental “Dictionnaire universel des littératures” (PUF, 1994), un extrait d’une entrée signée par la japonisante Annie Cecchi (1940-1995), qui fut maître de conférences de littérature générale et comparée à l’université de Paris 3-Sorbonne nouvelle, et auteure de l’essai “Mishima Yukio : Esthétique classique, univers tragique” (Honoré Champion-Paris, 1999) : « (…) Ce livre illustre un des procédés créatifs de Mishima : s’emparer d’un fait historique et reproduire avec une logique inexorable le cheminement du protagoniste vers la “catastrophe”. (…) » (Encyclopædia Universalis +Bnf +SensCritique -Paris+”Aspects de la littérature japonaise”,Magazine littéraire, mars 1997)
# “Mishima saint et martyr.” Copieux dossier spécial Japon du Magazine littéraire n°216-217 de mars 1985. Avec une contribution du linguiste américain, naturalisé japonais en 2012, Donald Keene (1922-2019), traducteur et ami de Mishima : « (…) Les “souvenirs” ancestraux évoqués dans Forêt en fleur [“sa première œuvre littéraire importante”] ne se réduisent pas au passé japonais, ils intègrent des objets exotiques occidentaux. Bible recouverte de laque et de nacre, portes de fer forgé, verres à pied. (…) Il ne recherchait pas la beauté dans le passé japonais, mais en Occident, particulièrement dans la Grèce antique [tragédie L’Arbre des Tropiques] (…). Il partit pour la première fois à l’étranger en décembre 1951. L’étape la plus importante de ce voyage autour du monde fut la Grèce, qui l’avait fasciné depuis son enfance. (…) le premier écrivain japonais internationalement reconnu a vécu le conflit de ses attirances vers les traditions japonaise et occidentale, comment un écrivain influencé par Oscar Wilde, Raymond Radiguet, François Mauriac [“il admirait l’ambiance dramatique et parfois terrifiante de ses romans”], Thomas Mann et Fiodor Dostoïevski décida de mourir en samouraï. (…) Plus qu’aucun autre, il avait su concilier la littérature traditionnelle japonaise et le domaine européen. (…) » (The Japan Times +Columbia University Press blog -New York) ***