Bruxelles, 19-25 mai 2025 / 408
# Il y a 1.700 ans… 20 mai 325 : ouverture du premier concile œcuménique des évêques à Nicée, aujourd’hui İznik, au nord-ouest de la Turquie. Convoquée et présidée par l’empereur romain d’Occident, Constantin Ier, l’assemblée (2 légats papaux et environ 300 évêques, surtout des provinces orientales de l’empire) fut clôturée le 25 juillet suivant. (Michel Dubost, Christine Pedotti, “Théo. L’Encyclopédie catholique pour tous”, éditions Droguet & Ardant / Fayard, 1996+LeVif/L’Express hors-série, 20 janvier 2017, “Les grandes figures du christianisme”)
# L’année suivante, en 326, à Jérusalem, la mère de l’empereur, Hélène, aurait découvert le tombeau du Christ et des restes de la Vraie Croix, sur laquelle fut crucifié Jésus de Nazareth. Elle fut canonisée par les églises catholique et orthodoxe… (La Croix)
# “Le règne de Constantin constitue une étape décisive dans l’expansion du christianisme.” Auteur de “Constantin, le triomphe de la Croix” (éditions France-Empire, 1999), l’historien Guy Gauthier a contribué au copieux hors-série n°31 (décembre 2018) du mensuel Le Monde des Religions, consacré à “La grande histoire des monothéismes” : « (…) il prépare (…) l’édit de Tolérance de Milan, promulgué le 13 juin 313. Désormais, la liberté des cultes est reconnue dans l’ensemble de l’Empire. Les élites romaines se convertissent en masse au christianisme, seule façon pour elles désormais de conserver leurs privilèges. Avec pragmatisme, Constantin adapte le christianisme aux anciennes célébrations romaines. (…) [Il] voit dans le christianisme le moyen de redonner une armature morale à un État décadent, miné par l’hédonisme, l’individualisme et le paganisme jouisseur qui ont eu raison de sa démographie. (…) À l’article de la mort, le 22 mai 337, Constantin accepte enfin le baptême. L’Église, qui lui doit sa survie, sa richesse et sa gloire, le considère comme le treizième apôtre et en a fait un saint. (…) » (BnF Gallica +Les Rendez-vous de l’Histoire)
# “Que devons-nous, Occidentaux d’aujourd’hui, au christianisme ?” Pour le mensuel L’Histoire, daté d’octobre 2005 (n°302), question posée par la journaliste Juliette Rigondet au grand spécialiste de l’Antiquité gréco-romaine l’historien Paul Veyne (1930-2022), “qui a vécu une vie sans attache idéologique” (Le Figaro) : « (…) Ce que le christianisme introduit de nouveau, ce sont les scrupules de conscience. (…) Il a aboli la vision grecque et antique de l’homme, pure et lumineuse comme l’enfance, mais si idéale et simple, et il a prodigieusement enrichi notre sensibilité et notre connaissance de nous-mêmes. (…) ce n’est pas le christianisme qui a formé l’Europe, c’est l’Europe moderne qui a légèrement modifié le christianisme. (…) dès le début, les évêques condamnent tous les spectacles, le théâtre immoral, les gladiateurs, mais aussi les innocentes courses de cirque, où l’on se passionnait pour des futilités. (…) le culte païen, les sacrifices, finissent par être totalement interdits vers 395, et les temples sont fermés. (…) la ville de Rome restait (…) le Vatican du paganisme, avec des combats de gladiateurs jusque vers 420. Grâce à la faveur officielle, le christianisme peut mettre partout en place un réseau d’évêchés qui encadrent la population, mais la christianisation reste superficielle [“une minorité de la population, 10% peut-être vers l’an 300”] : il faudra beaucoup de temps pour ancrer profondément dans les masses ce qui n’était que l’option d’une élite et en faire une coutume générale. Les évêques sont loin d’être obéis. En Afrique comme en Asie mineure, saint Augustin ou saint Jean Chrysostome ont le plus grand mal à obtenir que les gens aillent à la messe le dimanche, pendant les courses de chars. Le pouvoir ne peut pas ôter au peuple ses plaisirs coutumiers. (…) il s’est agi, tout d’abord, de donner au trône une religion digne de lui et non de convertir les populations. (…). » (Occident 07-13112022+L’Inventoire -Versailles) ***