# L’Occident au fil des lectures… Extraits à partir d’un choix de trois titres.
# “Le passé reconstruit, mythifié, se venge des fausses promesses du libéralisme et du socialisme.” En octobre 2019, aux éditions Odile Jacob, le géopolitologue Bruno Tertrais, maître de recherche de 2001 à 2016 à la Fondation pour la Recherche Stratégique (Levallois-Perret, Paris), dont il est devenu directeur adjoint, a livré “La Revanche de l’histoire. Comment le passé change le monde” : « (…) Le meilleur bouc émissaire possible est la figure mythique de l’Occidental, stigmatisée en Russie, au Moyen-Orient et en Asie, comme responsable de tous les maux. D’abord en raison de son comportement passé : l’impérialisme et le colonialisme, auxquels il convient d’ajouter, pour l’Afrique, l’esclavagisme (les Arabes s’en tirant, ici, à bon compte alors que leur responsabilité dans l’esclavagisme africain est immense). (…) Mais l’Occidental est aussi honni – et cela rend la tentation du retour au passé d’autant plus légitime – tout simplement pour ce qu’il est : l’image du libéralisme, du progressisme et du modernisme. Et le juif, ou son incarnation symbolique contemporaine, l’Israélien, incarne bien entendu le bouc émissaire ultime. (…) la névrose collective n’est jamais un gage de stabilité et de paix. D’autant qu’à Moscou, à Téhéran, à Islamabad, à Delhi, à Pékin et à Pyongyang, le développement des programmes nucléaires militaires est devenu le meilleur atout symbolique de la revanche contre l’Occident, un véritable remède ultime contre l’humiliation. (…) » (FRS +Radio France)
# “Les valeurs occidentales sont universelles.” Autre spécialiste de géopolitique, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Paris) depuis plus de 30 ans, Pascal Boniface a publié, chez Armand Colin, “50 idées reçues sur l’état du Monde”. Dans l’édition 2022, à l’article intitulé “Le monde occidental est en danger”, on lit : « (…) Il faudrait tout d’abord s’entendre sur la définition de “monde occidental”. S’agit-il, au sens strict du terme, seulement des Européens, des Américains et des Canadiens ? S’agit-il de tout le monde “blanc”, auquel cas il faut ajouter l’Australie, la Nouvelle-Zélande ? Ou du monde développé industriel, en intégrant le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, etc. ? On voit que la définition de l’Occident peut varier ; celle de la menace également. (…) Les Occidentaux ont perdu le monopole de la puissance et de la richesse, mais ils continuent à être riches et puissants. Ils doivent s’habituer à ne plus diriger le monde. (…) » (IRIS +pascaleboniface.com)
# “Si je me bats pour quelque chose, ce n’est pas pour la Russie : fondamentalement, c’est pour le maintien du pluralisme des opinions occidentales.” En 1976, il avait prédit la fin de l’URSS dans “La Chute finale. Essai sur la décomposition de la sphère soviétique” (éditions Robert Laffont)… L’historien et anthropologue Emmanuel Todd a signé, au début de cette année, “La Défaite de l’Occident” (Gallimard). Entretien avec le quotidien Le Soir du 29 janvier dernier : « (…) La défaite de l’Occident, pour moi, c’est la défaite que l’Occident s’inflige à lui-même. C’est bien entendu l’échec de la construction européenne, de l’expansion de l’Union européenne vers l’est sous l’impulsion de l’Allemagne – en 2013-2014 – “Maïdan”, qui a conduit à ce que la population russophone de l’Ukraine n’ait plus d’expression politique, c’est la responsabilité de l’Union européenne. Mais plus important encore, c’est la décomposition du monde anglo-américain. Ainsi, on s’est aperçu que l’industrie américaine n’était pas capable de fournir les Ukrainiens en matériel militaire sur une longue période, ce qui a mis à nu le caractère assez largement fictif de la production occidentale. (…) » (Les Echos +La Croix +L’Express +Le Nouvel Obs +Libération) ***
Bruxelles, 20-26 mai 2024 / 372