Occident – 04-10/03/2024

# Turquie, 3 mars 1924. Le président Mustapha Kemal abolit le califat. « Le calife, le dépositaire du pouvoir religieux, censé perpétuer la lignée du prophète Mahomet [l’ombre de Dieu sur les terres] depuis sa mort en 632, ainsi que son bras militaire et politique, le sultan, ne sont plus. » (Le Figaro Histoire -“Le rêve impérial des Ottomans”)

# “Un événement, à peu près passé inaperçu en Occident”. L’historien Hervé Hasquin fut le recteur (1982-1986) et le président du Conseil d’administration (1986-1995) de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Il fut aussi sénateur, député et ministre.    Longtemps président de l’Institut d’étude des religions et de la laïcité de l’ULB, il a signé un intéressant essai intitulé “Les pays d’Islam et la franc-maçonnerie” (Académie royale de Belgique, 2013) : « (…) La “décléricalisation” de la société en imposait [“sous la poigne de fer de Kemal Atatürk”] : 1924, abolition du khalifat et suppression des ministères des Affaires religieuses et des Fondations pieuses, suppression des tribunaux religieux ; 1925, fermeture des couvents et des mausolées, interdiction du port du fez et réglementation sévère du port des vêtements religieux ; 1926, adoption d’un nouveau Code civil et d’un nouveau Code pénal ; 1928, suppression des articles de la Constitution qui stipulaient que l’islam était la religion de l’État turc ; adoption des caractères latins ; 1930, droit de vote et éligibilité des femmes aux élections municipales ; 1932, incantation du Coran en langue turque et en 1933, généralisation de l’appel à la prière en turc à Istanbul ; 1934, interdiction du port de vêtements religieux à l’extérieur des lieux de culte, droit de vote et éligibilité des femmes aux élections du Parlement national… (…) » (Babelio +senate.be +hervehasquin.be)

# “La mort de Mahomet mit la communauté musulmane naissante en face d’une sorte de crise constitutionnelle.” Ayant vécu en Turquie, spécialiste de la civilisation islamique, l’historien et professeur d’université britannique (Londres, Princeton) Bernard Lewis (1916-2018) a livré “Les Arabes dans l’Histoire” (Flammarion, 1993). Au chapitre 3 (“le temps des conquêtes”), il a écrit : « (…) Le concept même de succession légitime était étranger aux Arabes de l’époque ; (…). La crise fut résolue par trois hommes – Abu Bakr, ‘Umar et Abu ‘Ubayda – dont l’action expéditive et déterminée imposa le premier d’entre eux à la tête de la communauté comme successeur du Prophète. (…) On donna à Abu Bakr le titre de Khalifa (ou “député” du Prophète), transposé en Europe sous la forme de Khalife (ou Calife). Son élection marque l’inauguration de la grande institution historique du khalifat. Ses électeurs n’avaient probablement aucune idée des fonctions à venir et de leur développement. Sur le moment, ils ne firent aucune tentative pour délimiter ses devoirs ni ses pouvoirs : la seule condition imposée était qu’il maintînt intact l’héritage du Prophète. Dès le départ, l’autorité exercée par Abu Bakr différa par plusieurs aspects de celle d’un sheikh tribal. Il n’était plus seulement le chef d’une communauté, mais aussi celui d’une région. Il détenait des pouvoirs exécutifs et une armée : comme la situation qui suivit son accession au commandement exigeait des actions politiques et militaires, il assuma rapidement dans ces domaines une autorité qui allait devenir une partie essentielle de la fonction de khalife. (…) » (La Croix +Middle East Quarterly +Le Monde +Encyclopaedia Universalis +L’Histoire)

# “La soif du paradis par la mort s’est exaltée à plusieurs reprises en islam.” Spécialiste du monde arabe, l’islamologue et sociologue Jean-Paul Charnay (1928-2013) a publié “La Charîa et l’Occident” (L’Herne, Paris, 2001) : « (…) dans les premières guerres de conquête, le calife Omar [584-644] dut modérer le zèle des Croyants afin de préserver la puissance de la Communauté. (…) » (Politique étrangère -IFRI+Académie de Géopolitique de Paris) ***

Bruxelles, 04-10 mars 2024 / 364

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