Bruxelles, 07-13 avril 2025 / 403
# 13 avril prochain : inauguration de l’Expo Universelle à Osaka. L’occasion de revenir sur le gros dossier “Japon. Les mystères d’une fascinante civilisation” paru dans un numéro double de l’hebdomadaire Le Point (19-26 décembre 2024). Quatre extraits.
# “À jeu égal avec l’Occident.” L’écrivain, journaliste et traducteur François-Guillaume Lorrain détaille comment les Nippons ont rivalisé avec les puissances européennes : « (…) Dans son dernier ouvrage, “Le Labyrinthe des égarés. L’Occident et ses adversaires” (Grasset, 2023), Amin Maalouf [secrétaire perpétuel de l’Académie française] rappelait que le Japon fut le premier foyer de la haine de l’Occident au 20ème siècle. 1905 [“l’Empire japonais y inflige sa première défaite militaire à l’homme blanc, en l’occurrence la Russie tsariste”] représente en effet un coup de tonnerre dans l’équilibre du monde qui laisse augurer un siècle où les cartes de l’hégémonie vont être rebattues. (…) Géopolitiquement, le Japon sert déjà de bouclier à l’Occident contre la Russie et la Chine. (…) Confrontée à la guerre des Boers en Afrique du Sud, obsédée par sa rivalité navale avec l’Allemagne, l’Angleterre se décharge de l’Asie orientale sur le Japon (…). » (BnF +Radio France +Les Rendez-vous de l’Histoire)
# “La mission qui a tout révolutionné.” Sous la même signature : « Le 23 décembre 1871, un navire quitte le port de Yokohama avec à son bord une bonne centaine de personnes. (…) Un long voyage d’études entrepris par tout un gouvernement dans les principaux pays d’Occident. (…) Parmi les voyageurs, Ito Hirobumi, futur Premier ministre, (…) qui avait déjà fait un séjour, clandestin celui-là, en 1863, en Angleterre, pour y étudier l’anglais et la chimie à l’université et observer les installations ferroviaires et minières. (…) Les mesures prises au retour [13 septembre 1873] seront spectaculaires : adoption du calendrier grégorien, de la semaine de sept jours, de la journée de 24h ; réforme du droit ; (…) création de partis politiques (…). On se met à s’habiller et à se couper les cheveux à l’occidentale, on découvre la viande rouge. (…) »
# “Insensibles, les Japonais ?” Écrivain français, auteur du “Dictionnaire amoureux du Japon” (Plon, 2021), Richard Collasse vit depuis un demi-siècle au “Pays du Soleil Levant” : « (…) en débarquant au Japon au milieu du 19ème siècle, les Américains avaient été scandalisés par l’indécence des Japonais, qui faisaient peu de cas de la nudité et ne la trouvaient ni immorale ni primitive. (…) ce qui différencie un être humain d’un autre, c’est son âme. Par conséquent, dans ce pays, la bienséance exige de voiler ses sentiments plutôt que son corps (…). Toute manifestation des émotions est impudique et tout mouvement d’humeur, un manque de courtoisie élémentaire. (…) tout laisser-aller est une intolérable grossièreté. Cela explique la sobriété, la retenue, la gestuelle minimaliste et la discrétion que les Japonais entretiennent dans leurs relations avec les autres. Ce que nous, Occidentaux, prenons pour l’insensibilité est donc tout simplement de la pudeur. (…) »
# “Notre éducation nous incite à ne pas poser de problèmes à autrui.” Le Point a une correspondante à Tokyo, Karyn Nishimura-Poupée, titulaire de l’Ordre national du Mérite français. Elle a mené un entretien avec le romancier Keiichirô Hirano, “un auteur incontournable du milieu littéraire japonais”, lauréat en 1998 du prestigieux prix Akutagawa, le “Goncourt” au Japon : « (…) La société civile japonaise est très fragile. (…) Peu de Japonais imaginent qu’il vivent pour apporter quelque chose à la société. Chacun se demande surtout pourquoi il vit, quel est le sens de son existence. Cette interrogation sur leur utilité sociale différencie les Japonais des Européens. (…) Au Japon, tout est plus diffus, moins visible. (…) » (Agence Cork +Babelio) ***