# Sans surprise, l’élection présidentielle de ces 15-17 mars en Russie a permis à Vladimir Poutine de prolonger son bail au Kremlin… (RTBF +Le Monde diplomatique)
# “Poutine est un peu comme un idiot dont on a besoin pour se rassurer.” En Belgique, la journaliste et politologue Nina Bachkatov est la grande spécialiste de la Russie, ayant été correspondante permanente à Moscou. Enseignant la géopolitique du plus vaste pays de notre planète, elle a notamment écrit “Poutine. L’homme que l’Occident aime haïr” (éditions Jourdan, 2018). Sélection de deux extraits. (Inside Russia and Eurasia – European Press Agency+TV5 Monde -“Bar de l’Europe”)
# “L’Occident et Poutine face à face.” « (…) depuis la fin de la guerre froide, il y a non pas un, mais des Occidents : les États-Unis et l’Union européenne qui se réclament des mêmes valeurs, mais ne privilégient pas toujours les mêmes méthodes pour les assurer. (…) Depuis des siècles, l’Occident, un terme qui désigna longtemps la seule Europe, a été perçu par la Russie à la fois comme un projet de développement et une menace (…). Vladimir Poutine a dit et répété que les intérêts à long terme de la Russie passaient par l’intégration dans la communauté internationale. Mais pas au point d’abandonner les intérêts nationaux russes ou limiter la souveraineté de son pays. Ce sentiment est partagé par la majorité de la population, y compris des élites libérales qui se sentent trahies et leur pays ridiculisé par les contradictions de la politique occidentale envers la Russie ou par la volonté occidentale de choisir le mode de développement de leur pays. (…) » (Le Vif )
# “Les racines de l’obsession sécuritaire chez la plupart des Russes, frôlant parfois la paranoïa (…).” « (…) La géographie a doté ce pays immense de frontières indéfendables, qu’elle partage avec 14 pays sur 22.662 kilomètres. L’Histoire, marquée par des conflits dévastateurs, rappelle que les voisins de la Russie [“les chevaliers teutoniques, les Suédois, les Polonais”] lui ont sauté dessus chaque fois qu’elle était affaiblie (…). La continuité historique a influencé le concept russe de “menace”. Depuis le 17ème siècle, la Russie a été obsédée par l’idée que, pour assurer sa défense, elle devait être capable de mener simultanément une guerre sur trois fronts : ouest, sud et est. Depuis 2000, elle considère que, pour la première fois de son histoire, elle doit aussi pouvoir se défendre sur le front nord, afin de sécuriser l’accès aux ressources naturelles de l’Arctique et défendre la nouvelle route du Nord ouverte par le réchauffement climatique. (…) » (Paris Match)
# “Vladimir Poutine est désormais perçu comme l’initiateur d’un pôle anti-occidental qui menace nos valeurs.” Le 2 juin 2018, à l’occasion de la parution de son livre, Nina Bachkatov répondait aux questions du quotidien économique L’Echo : « (…) L’attitude européenne étonne les Russes. Pas celle des États-Unis avec qui ils connaissent une rivalité sans ambiguïté au niveau de la puissance. Avec les Européens, l’image est beaucoup plus floue. (…) Poutine tombe à pic, parce qu’il est très monolithique, facile à caricaturer… Les Occidentaux se sont rendu compte qu’ils ne l’influenceraient pas. Il y a donc une frustration quant au personnage. (…) les Russes ont au moins conscience de vivre dans un système corrompu : ils savent à quoi s’en tenir, contrairement à ce qui passe en Occident. (…) dire “C’est Poutine qui finance les partis d’extrême droite et le populisme” est plus facile que de se demander pourquoi il existe un mouvement populiste chez nous. C’est du déni. (…) L’aisance rend les Russes paresseux. De manière générale, dans les situations de crise, ils fonctionnent par enthousiasme. Quand cela va trop bien, ils se relâchent et cela tourne au foutoir. (…) » (University of Liège – Belgium) ***
Bruxelles, 18-24 mars 2024 / 366