# “Après l’Orient slave d’Hélène Carrère d’Encausse (cf. Occident 18-24122023), voici un autre Orient mâtiné d’Occident.” (Le Point ) Élu le 28 septembre dernier, l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf, prix Goncourt en 1993 (“Le Rocher de Tanios”), est devenu le secrétaire perpétuel de l’Académie française. Il entra sous la Coupole en juin 2011. (Le Figaro +”Les Croisades vues par les Arabes”, éditions JC Lattès, 1983)
# “Ce que je reproche à l’Occident, c’est sa propension à transformer sa conscience morale en instrument de domination.” (La Croix) Dans l’essai “Les Identités meurtrières” (Grasset et Fasquelle, 1998), il précisait : « (…) la région d’où je viens – le Proche-Orient, la Méditerranée, le monde arabe, et d’abord le Liban. Un pays où l’on est constamment amené à s’interroger sur ses appartenances, sur ses origines, sur ses rapports avec les autres, et sur la place qu’on peut occuper au soleil ou à l’ombre. (…) Je viens d’une famille originaire du sud arabique, implantée dans la montagne libanaise depuis des siècles, et qui s’est répandue depuis, par migrations successives, dans divers coins du globe, de l’Egypte au Brésil, et de Cuba à l’Australie. Elle s’enorgueillit d’avoir toujours été à la fois arabe et chrétienne, probablement depuis le 2ème ou le 3ème siècle, c’est-à-dire bien avant l’émergence de l’islam et avant même que l’Occident ne se soit converti au christianisme. (…) »
# Son plus récent ouvrage : “Le Labyrinthe des égarés. L’Occident et ses adversaires” (Grasset, octobre 2023). Confessions du nouvel ’”Immortel en chef” à l’hebdomadaire Le Point : « ceux qui critiquent l’Occident, parfois à juste titre, n’ont toujours pas un modèle de remplacement. Le modèle communiste a fait faillite, et la Chine ne propose plus au reste du monde un modèle de société. (…) La rhétorique antioccidentale a toujours été, dans les pays d’Orient, un outil de propagande efficace. (…) Quand on promène son regard sur le monde arabo-musulman, le spectacle est désolant. Il y a des soubresauts, un peu partout, notamment, ces derniers temps, en Afrique, mais nulle part on a le sentiment que ce sont les prémices d’un réveil, d’une renaissance, d’un décollage. (…) le modèle occidental, en dépit de ses crises et de ses manquements, a survécu à tant d’épreuves et il perdure jusqu’à nos jours. (…)»
# “Le moment est venu de construire une véritable histoire humaine.” Grand entretien dans le hors-série 17H de La Vie – Le Monde, daté de juin 2016, consacré à “L’histoire du Proche-Orient” : « (…) Avant le 20ème siècle, personne n’appelait cette région “Proche” ou “Moyen”-Orient ; on disait plutôt “la Turquie d’Asie”, “le Levant” ou encore “la Terre sainte”. Je me souviens avoir interviewé, en 1975, Indira Gandhi, Premier ministre de l’Inde. Lorsque je lui avais posé une question à propos du Middle East ou du Near East, elle m’avait interrompu avec un sourire pour me demander pourquoi j’utilisais de telles expressions. “En Inde, nous disons simplement West Asia. Ainsi, d’où que vous regardiez, c’est toujours l’Asie occidentale “, m’avait-elle précisé. (…) Les élites politiques du monde arabe ont eu le tort de considérer que le modèle du socialisme autoritaire pouvait leur offrir le compromis qu’elles cherchaient, à savoir la modernisation et le développement économique sans avoir recours aux Occidentaux. Sur le papier, la chose paraissait faisable. (…) Nous sommes dans un monde où il y a de plus en plus d’universalité et de moins en moins d’universalisme. Les nouvelles technologies nous obligent à nous retrouver, à vivre ensemble ; mais, comme personne ne sait quelle sera sa place dans ce monde en gestation, chacun a peur, chacun se méfie et se raidit. La proximité devient source de tensions, voire de détestations. Mais cette dérive n’a rien d’inéluctable. (…) » (à lire : “Un fauteuil sur la Seine. Quatre siècles d’histoire de France“, Grasset, 2016) ***
Bruxelles, 08-14 janvier 2024 / 358
