Bruxelles, 25-30 novembre 2024 / 390
# “Grand pontife de la politique étrangère américaine et de la géopolitique occidentale voire mondiale” (Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères de la France, 1997-2002). Il y a un an, les Etats-Unis d’Amérique perdaient un monument de leur diplomatie : Henry Kissinger (né en Allemagne en 1923 sous le nom de Heinz Alfred Kissinger) est décédé le 29 novembre 2023. (Newsweek+Frontline +La Revue +Reuters)
# “Une formidable matière à réflexion sur le réalisme géopolitique.” (Le Figaro Histoire) Lui-même diplomate, notamment ambassadeur de France en Israël et aux Etats-Unis, Gérard Araud l’a rencontré plusieurs fois, entre 2010 et 2020. Extraits de son “Henry Kissinger. Le diplomate du siècle” (éditions Tallandier, collection Texto, 2023) : « (…) un homme dans toute sa complexité au milieu d’un monde tout aussi complexe. [Il] n’est pas toujours sympathique ; il s’est trompé ; il a souvent réussi et il a parfois échoué. C’est cette complexité qui lui donne son épaisseur, même si elle déçoit ceux qui sont en quête d’un monde en blanc et noir. (…) [Il] sera toujours soupçonneux. Le Mal existe ; il faut être plus fort que lui ; c’est la seule règle, la seule morale. Parfois, on peut se demander s’il croit encore que le Bien existe et s’il n’est pas convaincu que la vie n’est pas que la recherche du moindre mal. (…) Pendant des décennies, l’Occident a vécu dans la conviction qu’il faisait face à une menace globale qui était encore plus existentielle que militaire et politique. Il ne s’agissait pas d’une rivalité géopolitique classique mais d’un combat à mort entre deux visions de l’homme. (…) le rideau de fer s’était abattu sur l’Europe orientale qui offrait l’image de ce que serait le sort de l’Occident si l’adversaire l’emportait. Or, ce combat, l’URSS pouvait le gagner – en tout cas, tout le monde en était convaincu, les communistes comme leurs adversaires. (…) » (WorldCat +BFMTV +L’Express +La Libre Culture)
# Pendant près de 20 ans, les deux hommes ont symbolisé tout à la fois l’affrontement et le dialogue entre l’Occident et le bloc communiste“. Lecture passionnante du hors-série La Vie – Le Monde 11H (2014) intitulé “L’Histoire de l’Occident”. L’historien et géographe René-Éric Dagorn, enseignant à Sciences-Po Paris, a signé l’article “Henry Kissinger et Andreï Gromyko, les meilleurs ennemis” : « (…) Si Gromyko et Kissinger s’apprécient personnellement, ils n’en restent pas moins des adversaires impitoyables. Ici, les déplacements des pièces sur l’échiquier international s’appellent la ruse, la force, la manipulation, la désinformation, la mort de milliers de civils, l’intervention militaire, le coup d’État, le massacre de masse, les exécutions ciblées… Les deux hommes pensent surtout que “la politique est la continuation de la guerre par d’autres moyens” selon le renversement célèbre de la formule de Clausewitz [Carl von, 1780-1831, théoricien militaire prussien]. (…) » (EspacesTemps.net )
# “Kissinger ne cesse d’intéresser.” Signalons l’ancienne étude “Kissinger, diplomate de l’impossible” (éditions France-Empire, 1976), réalisée par Maurice Ferro (1907-2000), “l’un des meilleurs spécialistes français de la politique étrangère” : « (…) Le secret des réussites de Kissinger, homme d’une intelligence hors de pair, incontestablement, tient presque entièrement dans son aptitude à bien se servir de la force militaire, économique et politique des Etats-Unis. (…) » Lors d’une réunion avec la presse, Dear Henry déclara : “En tant que personne qui vint dans ce pays comme réfugié [en 1938], fuyant le totalitarisme, j’éprouve un sentiment spécial au sujet de ce que l’Amérique représente pour le monde et comment, je pense, un retrait de l’Amérique du monde priverait le genre humain d’espoir et de finalité.” (…) » (CNN +Le Monde +El País +The Brookings Institution -Washington, DC+Marvin et Bernard (mort aussi centenaire, en février 2023 !) Kalb, “Kissinger” (Robert Laffont, 1975) ***